Comptes rendus d’études scientifiques

2007.11.17 St-Michel 1
photo M.Pernot

Les études scientifiques sont citées en grande partie par Frédéric Rozenfeld et Rick Hanson, dans leur ouvrage respectif :

  • Méditer c'est se soigner. Ed. Les Arènes,2007 et Le cerveau de Bouddha, Ed. Les Arènes,2011.

Effets bénéfiques de la méditation de la pleine conscience sur le cerveau et sur la santé :

Plus de 600 études scientifiques valident les effets de la Mindfulness sur la santé. A Berkeley, Princeton et Harvard, les neurobiologistes ont lancé des recherches sur les cerveaux surentraînés de moines ou de lamas bouddhistes, puis, sur des novices. Résultats époustouflants : on parle de «  neurosciences contemplatives ».

Selon le Dr Zindel Segal de Toronto, on observe une réduction de 50 % des risques de rechute dans la dépression chez les patients pratiquants la MBSR et ayant subi au moins deux épisodes pathologiques..

Des recherches ont montré que huit semaines de méditation en pleine conscience, à raison de 30 minutes par jour, suffisent pour que le cerveau mette en place des mécanismes réparateurs et préventifs qui font baisser la tension artérielle et chuter le stress. Une étude montre qu'elle renforce l'action de la lampe à ultraviolets sur le psoriasis. Ceux qui méditent pendant les séances guérissent quatre fois plus vite que les autres.

Les plaques d'athérome prédisposant les patients aux accidents cérébraux commencent à fondre après six mois de méditation. En effet, il semblerait que la méditation réduise la sécrétion de cortisol et d'adrénaline, responsables de l'accumulation d'athéromes.

Une étude a montré que les femmes qui méditent ont des niveaux plus élevés de cellules immunitaires contre les tumeurs du sein.

Une autre étude portant sur plus de 70 personnes atteintes de cancer montra que leur anxiété et leur dépression furent réellement améliorées
1.

D’autres travaux s’intéressant aux populations atteintes de douleurs chroniques
2, montrèrent que les scores de détresse due à la douleur diminuaient, les notes de dépression s’amenuisaient, en même temps que l’estime de soi reprenait de la vigueur.

Une étude réalisée par Jon Kabat-Zinn et son équipe sur les effets de la MBSR dans les maladies anxieuses spécifiques, en particulier les attaques de panique et l’anxiété généralisée
3a montré une nette diminution du score d’anxiété après les 8 semaines de pratique du programme et prouvé que l’amélioration s’était durablement maintenue sur les trois années suivantes.

Les effets du programme de MBSR sur le cœur
4 ont montré que la fréquence de battements d’un méditant baisse en moyenne de 15 battements par minute. La fréquence diminue d’autant plus que l’on est avancé dans la pratique, jusqu’à obtenir un ralentissement permanent du rythme.

Le projet Shamatha de l’Université de Californie Davis, réunissant 30 chercheurs du monde entier, dont la biologiste Elizabeth Blackburn, prix Nobel de médecine, est l’étude la plus importante jamais réalisée à ce jour sur la méditation et notamment son incidence sur une durée de vie prolongée.

Ce programme analyse les effets de la méditation sur les Télomères, les horloges de notre durée de vie, ces capsules qui coiffent nos chromosomes. Chaque fois qu’une cellule se divise, ses télomères se raccourcissent, jusqu’à ne plus pouvoir permettre la duplication au bout d’une certaine limite, sauf si une enzyme, la télomérase ne les reconstitue, freinant voire interrompant le processus de vieillissement. Or, Les chercheurs ont observé que la méditation régulière semblait augmenter le taux de télomérase dans le sang et pourrait alors prolonger la durée de vie des adeptes au long court.

La Mindfulness entraîne une modification de la structure et du fonctionnement du cerveau :

Une étude de l'hôpital général du Massachusetts à Boston, a démontré que la matière grise de 20 personnes méditant 40 minutes par jour était plus épaisse de 5 % que celle des non-méditants.
Conclusion prudente de ces chercheurs, la méditation pourrait ralentir l'amincissement, qui se produit naturellement avec l'âge, de cette fine zone corticale abritant la prise de décision, l’attention et la mémoire.
Cette étude réalisée sous la direction du docteur Sara Lazar
5 a montré, à partir d’analyses d’IRM de ces pratiquants, un épaississement du cortex dans les zones spécifiquement sollicitées par la technique méditative.

En effet, selon elle et son équipe, toute méditation soutenue est capable de développer un épaississement du cortex dans une zone précise, caractéristique de la région cérébrale qu’elle stimule. Plusieurs faits remarquables sont intéressants et méritent d’être signalés :

  • Des aires cérébrales impliquées dans la vision s’avéraient d’autant plus épaissies que le nombre d’heures de pratique était important, ce phénomène ayant probablement une origine sur le fait que pour les méditants accomplis, contempler le monde en pleine conscience est alors une seconde nature.


  • Deux autres aires s’avéraient nettement plus grosses chez les méditants ; l’une était le cortex de l’insula antérieure droite, l’autre se situait dans les sulcus supérieur et moyen du cortex préfrontal droit.


Explications :

L’insula droite est située à la hauteur de notre tempe et est utilisée pour avoir conscience des sensations présentes à la surface de la peau, mais elle est également la clé pour la connaissance de nos sensations viscérales et la conscience de notre respiration
6.

Quant au sulcus préfrontal droit, situé juste derrière notre front, il est impliqué dans la façon dont nous intégrons nos émotions et nos pensées au quotidien. Il met notre conscience à l’écoute des messages émotionnels de notre corps.

Mais l’aire dont le volume avait le plus remarquablement augmenté était l’insula droite. Pourquoi l’hémisphère droit ? Parce que lorsque nous sommes engagés dans une tâche exigeant une attention soutenue, c’est notre hémisphère droit qui travaille en priorité
7.

À l’université de Wisconsin, les docteurs Richard Davidson et Antoine Lutz ont étudié les changements qui affectent le cerveau des personnes qui se sont entraînées à la méditation. Pendant la pratique, leurs rythmes cérébraux enregistrent une forte augmentation de l’amplitude des oscillations habituelles. Sur les tracés, les différentes régions du cerveau oscillent en harmonie et se synchronisent lors de la pratique méditative. Cette synchronisation se prolonge pendant de longs moments entre les périodes de méditation.

Lors de travaux antérieurs sur le cerveau, Davidson
8 avait déjà découvert qu’une émotion négative (anxiété, peur, tristesse) stimulait des zones situées dans notre amygdale et notre cortex préfrontal droit. En revanche, lorsque les émotions étaient agréables (optimisme, enthousiasme, bonne humeur, calme) ces zones étaient silencieuses, tandis que notre cortex préfrontal gauche augmentait son activité.
En étudiant une cohorte de méditants de longue date, l’équipe de Davidson découvrit que leur index d’activité cérébrale moyenne tendait nettement vers la gauche avec une activité particulièrement forte de la zone préfrontal gauche. Le calme et la bonne humeur des visages des moines bouddhistes étaient authentiques, preuves neuroscientifiques à l’appui. Fait le plus marquant encore, les zones de l’hémisphère gauche impliquées dans la bonne humeur, fonctionnaient même en dehors des pratiques spirituelles.

Une autre étude menée par Antoine Lutz sur des cadres stressés d’une grande entreprise de biotechnologie a montré qu’au bout d’à peine huit semaines d’application du programme de MBSR, on observait un rééquilibrage important de l’activité électrique du cerveau. Les régions cérébrales associées à la bonne humeur et à l’optimisme (régions frontales gauches) étaient nettement plus actives comparées à leur état antérieur ou à celui du groupe témoin. En plus, leur système immunitaire réagissait aussi plus fortement que celui du groupe témoin au vaccin de la grippe après seulement deux mois de pratique.

Une étude de l’université de Californie à Los Angeles a confirmé l’action positive sur l’immunité (chez des patients atteints de sida) de la méditation de pleine conscience.

Pendant huit semaines, 50 hommes porteurs du virus ont suivi le programme MBSR par rapport à un groupe témoin n’ayant reçu qu’une formation d’une journée, et n’ayant pas pratiqué la méditation quotidiennement. A la fin de l’étude, le taux de CD4 était plus élevé chez les pratiquants réguliers, alors que le groupe de non méditants avait vu son taux de cellules CD4 s’effondrer. Cette étude confirme celle de Richard Davidson et montre une grande activité de l’hémisphère gauche lors de la pratique la méditation, associée à une grande activité des cellules NK et à une réponse plus forte aux vaccins.

Alors que dans les études utilisant l’EEG, il était établi jusque là qu’au cours de la méditation, on relevait surtout des ondes alpha et thêta, plus lentes, les travaux de Lutz
9 ont montré que la méditation centrée sur la compassion et l’amour bienveillant inconditionnels s’accompagnait d’une activité électrique du cerveau dans une fréquence d’onde particulière: la fréquence gamma. Or, la fréquence gamma semble être la signature électrique spécifique de cette disposition d’esprit, la bienveillance inconditionnelle.

La méditation compassionnelle place effectivement le cerveau dans un état de synchronicité, en connectant les zones cérébrales éloignées les unes des autres. L’attention aux autres et la bienveillance sont des qualités humaines qui peuvent être gagnées et maintenues à force d’un patient entraînement. Comme l’écrit le Dr Frédéric Rosenfeld « 
Pour mieux vous connecter aux autres, connectez vos neurones. »

Photos Kagyu-Ling  (27)
photo F.Guidez

Notes.

1. Meares A., « What can the cancer patient expect from intensive meditation? », Australian Family Physician, 1980, 9, 322-325.

2. Kabat-Zinn J., Lipworth L., Burney R., « The clinical use of mindfulness meditation for the self-regulation of chronic pain »,
Journal of Behavioral Medecine, 1985, 2, 163-190.

3. Kabat-Zinn J., Massion A., Kristeller J., Peterson L., Fletcher K., Pbert L., Lenderking W., Santorelli S., « Effectiveness of a meditation-based stress reduction program in the treatment of anxiety disorders »,
op. cit.

4. Tacon et al., « Mindfulness meditation, anxiety reduction, and heart disease: a pilot study »,
Family and Community Health, 2003, 26, 25-33.

5. Lasar S.,Kerr C., Wasserman R., Gray J., Greve D., Treadway M., McGarvey M., Quinn B., Dusek J., Benson H., Rauch S., Moore C., Fischl B., « Meditation experience is associated with increased cortical thickness »,
Neuroreport, 2005, 16, 1893-1897.

6. Critchley H. et al., « Neural systems supporting interoceptive awareness »,
Nature Neuroscience, 2004, 7, 189-195.

7. Posner M., Petersen S., « The attention system of the human brain C
Annual Review of Neuroscience, 1990, 13, 25-42.

8. Davidson R., Hugdahl K., « Cerebral assymetry, emotion and affective style »,
Brain assymetry, 1995, 361-387, Cambridge, MA, MIT Press.

9. Lutz et al., « Long-term meditators self-induce high-amplitude gamma synchrony during mental practice»,
Proceedings of the National Academy of Sciences of the USA, 2004, 46, 16369-16373.